C’est une famille originaire de Mrirt, cercle d’Azrou –Atlas qui avait habitée Talborjt, rue Hilala.
La fillette avait 4 ans, le père El Houssaine Akabbouch né en 1925 était soldat des FAR et la maman s’occupait de la maison.
Le soir du séisme, l’homme était fiévreux ce jour suite à la réaction d’un vaccin. Il avait choisi malgré la grande chaleur(40°) de dormir sur un matelas à l’intérieur de sa chambre .La maman Aicha Ouzougarh née en 1932 avait choisi de dormir avec sa fille Hennou côté de la portière, entrouverte à l’étage supérieur. Hennou avait longuement embrassé et caressé son papa avant de revenir dormir sur la poitrine de sa maman.
Toute la maison s’était effondrée au moment du séisme .Le père était écrasé en plus par le bâtiment voisin.
Voici la rue Hilala en liesse en 1957 et plus bas, ce qu'elle est devenue et le lieu exact du drame de cette famille.
La maman avait une main brisée, et malgré cela, c’était elle qui avait creusé, creusé à mains nues pour dégager sa fille. Une fille sortie avec une jambe fracturée.
La maman Aicha, courageuse s’était éloignée un peu pour essayer de rechercher une gorgée d’eau que réclamait Hennou. A son retour la fille était disparue prise par une ambulance qui passait par là .
Aicha avait tenté toute une nuit pour dégager son mari.
Durant 2 ans, cette femme recherchait vaillamment sa fille .Finalement, elle avait pu la localiser en Belgique. Elle s’était rendue à Bruxelles sous la présidence du comité de l’amitié Belgo-Marocaine. Elle a été reçue par la princesse Paola, mais aussi par un impressionnant nombre de journalistes, TV à l’aéroport. C’était un grand évènement en Belgique pour assister à la récupération d’une adoptée par sa vraie maman. Une maman embarquée dans un avion mais sans soutient qui pourrait l’aider linguistiquement et lui faciliter la récupération légitime de sa propre fille.
Aicha avait une sensation de tomber du ciel !
Aicha était retournée déçue après un mois, car la fillette ne la reconnaît plus. C’était un témoignage que nous avons pu lire sur les journaux et revues de l’Europe que nous avons aujourd’hui entre nos mains. Mais nous avons pu savoir aujourd’hui les diverses manipulations exécutées.
Depuis ce temps, la maman n’avait jamais abandonné l’espoir de retrouver, un jour sa fille.
Elle avait essayé toutes sortes de correspondances malgré qu’elle soit illettrée.
Il y a 2 ans, Hennou revient sur son passé, se recherche, veut retrouver ses racines, veut se réconcilier avec son fort-intérieur qui l’interpelle jour et nuit. Elle prend alors la décision de contacter le site agadir1960.
Elle me retrouve tout prêt à l’aider car moi-même je suis un sinistré et je la comprends profondément. Je veux l’accompagner à distance dans les recherches de sa maman, de sa famille, de son Agadir, de son Azrou Atlas lieu de sa naissance, de son Maroc.
Elle voulait voir les lieux où sa vie avait basculé. Les lieux du drame, les lieux possibles où son père se reposait dans une fosse commune, prés des autres, au-dessous ou au dessus des autres disparus du tremblement de terre.
Je l’ai encouragé à revenir à Agadir pour entamer les recherches. Elle est aussi encouragée par sa fille unique Valérie qui a 2 enfants, par son mari Mr Boudoin. Elle est bien armée pour affronter les porte-à -porte avec moi.
Lors de son arrivée, elle me remet des documents et des indices décisifs qui m’ont permis d’arrivée en 3 jours au but avec l’aide d’un tissu humain, des amis que je remercie infiniment.
Il faut avoir un cœur solide pour assister aux heureuses retrouvailles. Des retrouvailles plus qu’émouvantes. Personne n’a pu se retenir de ne pas verser une mer de larmes.
Un miracle ! Oui un miracle s’est reproduit pour Hennou, pour sa maman vieillit qui attendait depuis un demi-siècle, de revoir celle qu’elle avait porté dans son ventre durant 9 mois. Celle qu’elle avait retirée des décombres en employant une main brisée et déformée aujourd’hui.
Celle qu’elle attendait voir et…mourir libérée d’un lourd fardeau psychique qui pèse des nuits, des mois et des années blanches comme on dit.
Aujourd’hui, elles ne se quittent plus.
Hennou découvre une demie-sœur aînée, des cousines, des cousins, des oncles, des tantes …des racines …de vraies racines.
Je présente ici mon ami du même quartier Yachech M'Bark Jawad et Lalla Fdila amie de Aicha qui m'ont aidé d'une façon décisive d'arriver au but...au bon but. Et c'est la fin du gouffre que les deux femmes regardent évasivement.
Hennou me dit qu’elle vient de renaître. Elle est heureuse. Elle est bien comprise et bien épaulée par un mari exceptionnel ! Un mari qui vit cet événement avec le même cœur que Hennou. Sa fille Valérie par téléphone est émue, heureuse et reprendra avec ses 2 enfants, l'avion pour venir sur place.
Je ne peux que m’en féliciter.
Je suis comblé et heureux de les accompagner tous, dans ces moments forts et pleins d’émotions.
Enfin , elle se repose et fait de bons rĂŞves qui lui manquaient.
Je me pose la question néanmoins des autres cas semblables qui sont en Belgique, en France et ailleurs.
Elles partent ensemble à la kasbah que cette famille habitait un moment avant de venir s’installer à Talborjt. Elles veulent être en hauteur, au dessus de toutes les souffrances passées. Elles veulent ouvrir et revivre une autre nouvelle page restante dans la vie.
Mr le maire que j’ai avisé car venant juste d’une invitation faite par les belges, n’a pas hésité à venir les saluer chez elles. Il les félicite au nom de la mairie, de ces retrouvailles heureuses.
Je veux bien reprendre le bâton du pèlerin pour continuer mon œuvre et aider les disparus du séisme d’Agadir partis d’ici en bas âge, à retrouver leurs racines qui sont intérieurement capitales pour donner le sens à la vie, la saveur à la vie, durant le passage sur cette planète. Rien ne vaut cela, même si on possède les immeubles, les villas, une fortune aisée, le confort du monde. C’est à méditer.
Lahsen Roussafi
