Agadir: tremblement de terre du 29 février 1960

Le témoignage de Raymond Humeau

C'ÉTAIT IL Y A 40 ANS...L'ANNÉE DE MES 14 ANS.

 

Lundi 29 février 1960 après-midi.

Je me souviens être dans ma chambre, j'étudiais. Quoi ? Pourquoi ? Le lycée Youssef Ibn Tachfin avait-il fait relâche ? Je n'étais pas au tennis, à la plage ou au club nautique comme bien souvent, et pourtant, il faisait chaud.

L'ambiance était étrange depuis cette première secousse. Tout le monde ne l'avait pas ressentie : frustration, inquiétude, amusement, tout se mêlait.

Ce même jour, une autre secousse, aux alentours de midi, comme la première et comme celle qui suivra... par créneaux de 12 heures.

Ceux qui avaient ressenti les deux premières, décrivaient leurs effets sur les bibelots, les meubles et même sur certains bâtiments (déjà !).Ceux qui n'en avaient ressenti aucune s'inventaient leurs secousses à eux, exagérant quelque peu leurs effets, pour ne pas rester niais !

Nous habitions le " Secteur Extension X " ou " Foyer Gadiri " quartier de villas neuves. La nôtre n'avait que deux ans. Quelques années auparavant, nous avions quitté " Marine Agadir " à Founti, notre maison se situait à l'extrémité ouest, au dessus de Anza, mon père était encore marin de l'armée de mer à la Base aéronavale, (c'est de cette maison, transformée en radio maritime, qu'est parti le premier S.O.S.,... annonçant une dizaine de victimes). Après quelques années au quartier industriel, nous étions dans notre vraie maison que mon père, devenu directeur des Entrepôts Frigorifiques du port, avait fait construire.

La nuit, après le dîner, il nous arrivait très souvent de prendre le frais sur le perron, face à la ville que l'on devinait au-dessus de la caserne des FAR, devant nous.

Ce soir là, l'atmosphère était étrange et inquiétante et les chiens hurlaient sans raisons apparentes.

Nous sommes allés nous coucher, comme d'habitude, en remettant au lendemain nos impressions.

 

LA SECOUSSE

J'ai été réveillé, ainsi que mes deux frères, (nous dormions tous les trois dans une grande chambre), par un grondement sourd et violent venant des entrailles de la terre, et projetés hors de notre lit. Aucune lumière. Le noir absolu. Mon père a ouvert la porte de la chambre et nous a hurlé de sortir très vite : " il y a un tremblement de terre ".

Impossible de marcher droit dans le couloir, les deux murs nous renvoyaient l'un vers l'autre. Puis soudain plus rien. Nous n'avions pas avancé beaucoup.

Moins d'une seconde après certainement, une autre secousse aussi violente que la précédente, nous a projeté au sol et secoué violemment de bas en haut, nous obligeant à nous déplacer principalement à quatre pattes.

Nous avions l'habitude de sortir côté cuisine, instinctivement nous nous sommes tous dirigés vers cette sortie, toujours dans le noir total. Mon père avançait en tête. C'est alors que le vaisselier s'est couché en travers de la porte de sortie, dans un grand fracas de vaisselle cassée. " Fais attention ! " criait ma mère, " tu casses la vaisselle ! ". " Je ne casse rien du tout ! " a répondu mon père .

Voie sans issue, retour vers l'intérieur de la maison et tentative de sortie côté pièce de séjour.

Et puis tout est redevenu de nouveau calme. Nous avons pu atteindre la porte, elle était coincée. Mon père a tirée violemment, et , nous nous sommes retrouvés enfin sur le perron Heureusement que la maison a tenu, nous étions prisonniers, pris au piège.

 

LE CAUCHEMAR

Sur le perron, nous commençons peu à peu à réaliser ce qui venait de se passer. Dire les sensations ressenties, est impossible à faire. Il n'existe pas de mots pour les décrire. J'ai été secoué jusqu'au plus profond de moi-même, dans mes entrailles.

Je fus pris de vomissements, mes jambes flageolaient, je transpirais abondamment.

Une odeur de soufre piquait les narines, des incendies éclaircissaient la ville, des klaxons bloqués sonnaient lugubrement. On distinguait un épais nuage de poussière au dessus de la ville.

Devant moi, la caserne des F.A.R. avait souffert, ses hauts murs étaient tombées.

" C'est la fin du monde " criait ma mère en pleurant et priant.

Mon père décida d'aller aux nouvelles, voir des amis. Dans le garage, la grosse Chevrolet, frein à main serré et vitesse avant enclenchée, avait reculé de 50 centimètres et défonçé la porte en bois.

Nous avons longé la caserne. En face, les villas occupées encore par des européens étaient plus ou moins abimées voire écroulées. La dernière était habitée par Jacques Rolland, un copain de mon âge : elle n'était pas plus haute que notre voiture. Aucun signe de vie. (j'appris plus tard que Monsieur Rolland avait quitté sa maison avec toute sa famille à 22 heures ce soir pour se rendre dans le " bled "). Une prémonition ou un heureux hasard qui les a sauvés.

Chez Michel Frégnacq c'était le désarroi ; la maison à moitié écroulée mais tous vivants. J'ai revu Michel en 1978 soit dix-huit ans plus tard, au fond de mon jardin, dans notre tout petit village de Charente...pour un problème de clôture vite arrangé, je venais d'emménager, nous étions voisins ! Nous étions très amis !

Devant l'hôtel Lutétia, complètement écroulé, on entendait appeler. Ma mère essayait de soulever une dalle de plusieurs tonnes, avec ses seules mains, en pleurant de rage , d'impuissance et de découragement ? Nous avons revu cette rare rescapée de l'hôtel à l'hôpital de Marrakech .

La circulation était difficile, les fils électriques, les pierres, des débris de toutes sortes jonchaient les rues.

Face à l'immeuble Sud Building un cadavre était accroché ou pendu aux fils électriques ; près de l'école BOSC, le docteur Vériès, dentiste, discutait avec des voisins, devant les ruines de sa maison, il était enveloppé dans une couverture : " c'est tout ce qu'il me reste " nous dit-il . En bas de la côte du lycée habitaient les Gaugler, des amis de mes parents. M. Gaugler était le partenaire de bridge de mon père. Ils se recevaient une fois par semaine pour la traditionnelle partie de cartes, et ils avaient aussi l'habitude de sortir fréquemment le soir chez d'autres amis. Leur maison n'était plus qu'un amas de ruines. Une très angoissante dernière vérification : on apercevait à peine le pare-chocs arrière de leur voiture, sous le tas de gravas de leur garage. Ce soir-là ils n'étaient pas sortis . Nous avons tous appelés, longtemps sûrement, pour rien, aucune réponse. Mon père est allé reconnaître leurs corps le lendemain. Bouleversé, il nous a confié plus tard qu'ils avaient été trouvés, se protégeant l'un, l'autre.

Nous sommes revenus vers la maison en passant dans notre quartier. Devant les deux immeubles de la marine (qui existent encore aujourd'hui) , derrière chez nous, toutes les voitures, garées en épis devant les immeubles, étaient coupées en deux par la chute de la corniche du toit : des klaxons étaient bloqués .

Mon père a garé l'auto devant la maison. Nous avons passé, là, le reste de la nuit, essayant de trouver le sommeil, chose impossible...dans un silence profond, les yeux agrandis par la peur et l'horreur. J'avais envie de me pincer pour me réveiller de ce cauchemar.

 

MARDI 1er MARS

Le jour s'est levé. Nous avons estimé les dégâts de la villa. Juste une grosse fissure d'une largeur de main sur la façade...pour ainsi dire rien. Aucun carreau de cassé ( même constatation faite sur les immeubles bien ébranlés).

Nous sommes retournés en ville et là... nous avons réellement vu l'étendue des dégâts.

Sur les décombres de certains immeubles, des sauveteurs s'activaient, sur d'autres, personne. Du balcon de cet immeuble complètement penché, des draps noués entre eux pendaient jusqu'à hauteur d'homme ; derrière le Sud Building, un immeuble cassé en deux : dans la moitié effondrée se trouvait mon ami Jean Paul Tapia. Au port, des grues étaient tombées, des trous énormes, résultats de l'apport de pierres pour la construction des digues, auraient pu contenir d'énormes camions. L'immeuble Consulaire, sept étages, réduit à hauteur d'un camion, mon ami Michel Soler, champion de judo, se trouvait dessous. On dit qu'un homme habitant le dernier étage se serait retrouvé assis au milieu de la route, avec un bras cassé. L'hôtel Gauthier paraissait avoir fait un tonneau. Les immeubles Barutel, Brise Marine, Duportal, Santovert, Le Nord avec ses trois dalles superposées... des ruines, des amas de décombres, et encore des ruines.

Au gré de nos déambulations, la même désolation, les ruines encore, l'impuissance des rescapés, partout des amis ou connaissances ensevelis.

Parfois on entendait de sinistres craquements dans les tas de pierres : peut-être de petites secousses encore.

Il y eut cet homme qui habitait au lycée. En voyant des gens en pyjama et robe de chambre dehors, il se mit à rire en disant : " alors ? c'est le carnaval ? " . Il se sentit mal en voyant plus loin les maisons effondrées. C'était effectivement Mardi Gras !

Il y eut encore cet homme qui avait commencé à déménager la veille et consacré largement sa soirée au Dieu Bacchus. Ne se rappelant plus de rien, il était allé se coucher dans son ancienne demeure : il eut la vie sauve !

Nous avons croisé les frères Nagy, ils venaient à vélo de Ben Sergao et allaient au lycée, comme d'habitude.

De retour chez nous, nous avons monté nos deux tentes de camping derrière la maison, sur le terrain vague. Des voisins sont venus nous rejoindre. Le soir et le lendemain nous avons partagé nos vivres. Le dimanche 28, nous avions ramené du Cap Ghir deux paniers de moules que ma mère avait fait cuire le jour même : c'était une grande marée à fort coefficient.

 

MERCREDI 2 MARS

Nous avons passé une autre journée à Agadir. Mais il fallait bien nous résoudre à abandonner notre maison et nous diriger vers la BAN . Nous n'avions plus de vivres et pas d'eau. Mais on disait qu'il y avait des pillards. Nous avions du mal à abandonner notre maison et notre quartier quasiment épargnés par le séisme. Mon père a installé un ouvrier de l'entreprise, dans le jardin pour garder la maison.

Et puis l'Escadre Française est arrivée, on en parlait depuis quelques heures. Quand est-elle arrivée ? le matin ? l'après-midi ? Je ne sais plus, le temps s'était arrêtait.

J'ai vu les marins défiler sur l'avenue Mohamed V, la pioche et la pelle à l'épaule. Je me rappelle avoir éprouvé une immense joie !

La route du quartier industriel et de la base était encombré de camions, fourgonnettes, ambulances improvisées qui transportaient des cadavres.

Face à la base, de longues files de cadavres étaient alignés. On creusait, à la pelle mécanique, des tranchées. On y allongeait les cadavres enveloppés dans un drap ou couverture, puis on recouvrait de chaux vive et de terre.

 

A LA BASE

Nous y sommes arrivés en fin d'après-midi avec d'autres voitures et des véhicules en tout genre, transportant ce qui avait pu être sauvé des décombres.

Nous avons pris un repas chaud dans un hangar d'avions. Le sol était recouvert de matelas, de lits de camp sur lesquels se réfugiaient des familles.

Le hangar de la Base

Le hangar de la base




La cantine du hangar

La cantine du hangar

On nous a ensuite dirigés vers une vaste tente militaire pour y passer la nuit, trop près de la piste d'envols. Toute la nuit, dans un bruit épouvantable, ce fut un va-et-vient ininterrompu d'avions de différentes nationalités, qui, apportaient des secours en tout genre (matériel, couvertures, vivres, médicaments...) et emmenaient les blessés vers je ne sais quelles destinations.

 

JEUDI 3 MARS

L'évacuation de la base avait commencé. Il fallait partir vers Marrakech par Taroudant. Agadir était en quarantaine.

Mais nous n'avions strictement rien ... et notre petite chienne était restée à la villa. Elle était condamnée. Ordre avait été donné d'abattre les chiens et autres animaux errants ou non errants. On craignait les épidémies et puis les animaux abandonnés et sans nourriture se nourrissaient de " ce qu'ils pouvaient trouver... ! "

On parlait aussi de plus en plus des pillards. Certains n'hésitaient pas à employer des moyens radicaux pour s'approprier une bague ou une alliance du doigt d'un cadavre.

Nous avons repris quand même la direction d'Agadir, il nous fallait retourner à tout pris à la villa.

A hauteur de Ben Sergao, un barrage militaire refoulait les voitures. La file était longue. Le barrage était embouteillé. Toutes les voitures étaient contraintes de rebrousser chemin, sauf certaines qui devaient avoir quelque mision.

Devant le barrage le moteur de la Chevrolet cala. Le démarreur refusait de relancer le moteur. L'embouteillage devint plus important et les militaires s'énervaient. " Venez la mettre en route, vous-même ! " s'énervait mon père. Nous sommes alors descendus et à quatre, nous avons poussé la lourde voiture. Les militaires trop occupés à contenir le flot de voitures n'ont pas vu qu'on avait pris au moins cent mètres en direction d'Agadir. Sur un ordre impératif de mon père nous sommes tous remontés très vite dans la voiture. Mon père a alors remis le contact, qu'il avait coupé, et la voiture est repartie. Nous avons bien entendu un long coup de sifflet, mais à qui était-il destiné ? Personne ne s'est retourné et nous avons foncé vers Agadir.

Nous avons pu sauver notre petite chienne, remplir la voiture de linge et d'objets de valeur. Mon père s'est occupé de mieux installer le gardien. Il n'était pas seul dans le quartier et grâce à eux tous, le quartier a peut-être été épargné du pillage.

Près de l'immeuble Damestoy nous avons trouvé, on ne sait par quel miracle, sans doute la seule station service qui délivrait un peu d'essence, juste de quoi aller jusqu'à Tamanar (100 km). Le réservoir de la voiture était presque vide, la file très courte. Nous avons pu alors envisager de partir par la côte.

Avec mes frères je suis monté dans la voiture d'un ami. Nous étions plus à l'aise que dans la Chevrolet bourrée de linge.

Ma mère nous avait noué un mouchoir imbibé d'eau de cologne autour du visage. L'odeur devenait insupportable : il faisait chaud et les cadavres se décomposaient vite. Nous sommes passés par Talbordjt, peut-être par curiosité. Quel désastre ! On aurait dit qu'une bombe atomique avait tout anéanti !

Dans les premiers lacets très raides du Toboggan, la voiture dans laquelle nous nous trouvions a fait plusieurs tours sur elle-même, avant de s'immobiliser à quelques dizaines de centimètres du précipice : elle avait dérapé sur une large tache d'huile, dûe à la circulation intense de gros véhicules des derniers jours. Inutile de décrire le hurlement de peur de ma mère. Avoir échappé à l'effroyable pour venir se tuer dans un ravin...Nous avons abondamment recouvert de terre l'huile répandue.

A la bretelle d'Essaouira, nous sommes remontés dans la Chevrolet, l'autre voiture poursuivant vers Casablanca.

Nous avons fait une entrée très remarquée dans Marrakech en milieu d'après-midi. Nos cousins nous attendaient route de la Targa. Il a fallu raconter et raconter encore, pendant des heures, aux voisins et leurs voisins.

Dès le lendemain nous sommes allés nous faire inscrire au Consulat de France, et, nous faire rayer de la liste des " morts " sur laquelle apparaissaient nos noms ! !

Je suis allé en classe au lycée Mangin pendant un mois, et je n'oublierai jamais ma présentation par le proviseur en personne, aux élèves de ma nouvelle classe : le discours était très émouvant, le silence profond, les visages tendus. J'ai été très entouré, chacun essayant de me prendre sous sa protection, sa gentillesse, voire sa compassion.

 

LA FIN DE LA QUARANTAINE.--LE RETOUR A AGADIR

Nous sommes retournés à Agadir et avons vécu sous la tente, dans le jardin, pendant un an.

Dès octobre j'ai repris les classes au lycée Youssef Ben Tachfin dans des dallas, préfabriqués carrés, offerts par la ville de Dallas. On rénovait le lycée.

Je descendais souvent dans la ville meurtrie regarder les bulldozers raser les maisons, les immeubles chancelants imploser sous l'effet de la dynamite, les grosses boules en acier projetées au bout d'une chaîne par des grues, pulvériser les murs...

Le rasage de Yachech, a été une opération fort délicate et extrêmement pénible pour les conducteurs d'engins : Yachech est un vaste cimetière.

Deux ans plus tard, au lycée, nous avons regagné les classes en " dur " rénovées.

Un jour, en ouvrant une grande fenêtre à glissière, le bruit et la légère vibration dans le mur ont précipité tous les élèves hors des classes : je venais de créer un tremblement de terre " virtuel ".

Une autre fois, une légère secousse nous a surpris en pleine composition d'instruction civique : la panique fut générale, un élève a même sauté du premier étage, se cassant une jambe. Nous avons eu droit à deux points supplémentaires à notre note ! !

Pendant deux ou trois ans , les secousses furent très nombreuses. On appelait cela des tassements de terrain, aujourd'hui on dirait des répliques.

Toutes ses secousses ressenties à doses homéopathiques ont fragilisé, souvent à vie, l'équilibre du système nerveux de beaucoup de personnes, aussi sûrement que le séisme. Nous n'avons pas bénéficié de l'assistance d'un psychologue ou d'un psychiatre, comme cela se fait aujourd'hui.

Un ami que je vois trèès souvent, a perdu la mémoire sur deux années : pendant très longtemps il ne s'est plus souvenu de l'année précédent le tremblement de terre et l'année suivant le tremblement de terre. Nos photos communes lui ont permis de recouvrer peu à peu la mémoire.

On cite aussi des cas de deux ou trois décès survenus quelques jours après le séisme, sans blessures apparentes externes ou internes.

Quand Agadir a été entièrement rasé, les ravins comblés avec les décombres, on a construit les avenues et les rues de la future ville.

J'ai vu Agadir se développer, être anéanti en une minute trente secondes, puis se construire à nouveau.

Ce sont les souvenirs dont je me souviens 40 ans après ce 29 février 1960. Certains sont horribles, d'autres dramatiques, d'autres effroyables, d'autres encore, burlesques ou drôles. Beaucoup sont oubliés, et c'est tant mieux, grâce à la faculté que nous avons tous, de faire le vide, quand nous voulons oublier des événements pénibles, le temps arrangeant les choses. Mais je me rends compte aujourd'hui que ces souvenirs là, sont toujours aussi vivants en moi, il suffit de les coucher sur une feuille de papier, ils reviennent au galop.

C'était il y a 40 ans ... je n'avais pas encore 14 ans.

 

Mars 2000 Raymond HUMEAU